Visitez l'appartement aujourd'hui

L’appartement que Victor Hugo loua de 1832 à 1848, au deuxième étage du 6, place Royale (devenue place des Vosges) est aujourd’hui aménagé de façon à vous faire parcourir sa vie à travers meubles, objets et œuvres d’art qu’il a lui-même créés, lui ayant appartenu ou qui évoquent ses écrits.

Avant l’exil

L’Antichambre (salle 1)

Cette pièce évoque l’atmosphère familiale et de la jeunesse de Victor Hugo, jusqu’à ses premiers succès littéraires. Les portraits de famille ont été le plus souvent réalisés par ses proches ou ses amis, les frères Eugène et Achille Devéria, Louis Boulanger, sa belle-sœur Julie Duvidal de Montferrier, talentueuse élève du Baron Gérard ou Mme Hugo elle-même. Les autres œuvres rappellent que Victor Hugo fut très tôt célèbre – chose rare à l’époque – dans les trois domaines de la littérature : la poésie (Les Orientales), le théâtre (Hernani), le roman (Notre-Dame de Paris).

Le salon rouge (salle 2)

Tendu de damas rouge, ce salon évoque l’ambiance de  l’appartement qui, à l’époque de Victor Hugo était le lieu de rendez-vous des lettres, des arts et de la politique autour du chef de file des Romantiques. Sur les murs, on y retrouve des œuvres alors accrochées dans le grand salon comme les portraits de famille par Louis Boulanger et Auguste de Châtillon, le buste en marbre du poète par David d’Angers. Ils témoignent du statut acquis par le poète devenu académicien puis Pair de France, tout comme la toile illustrant l’histoire d’Inez de Castro, cadeau du duc et de la duchesse d’Orléans, rappelle ses liens avec la famille royale. Les autres peintures illustrent des œuvres écrites durant cette période.

Pendant l’exil

Le salon chinois (salle 3)

Par cette pièce et la suivante, nous entrons dans la période de l’exil à Guernesey. Elles révèlent une facette encore trop méconnue du génie de Victor Hugo, son talent de « décorateur », que le musée est seul à pouvoir présenter, grâce aux décors et aux meubles conçus pour  la maison de Juliette Drouet, Hauteville II. 

Rachetés par Paul Meurice au neveu de Juliette pour être offerts au musée, ces décors furent installés, avec l’aide du marchand d’art asiatique, Siegfried Bing, en un « salon chinois » et séparés des meubles d’inspiration gothique avec lesquels ils voisinaient dans la maison guernesiaise. Ils étaient, à l’origine, répartie dans quatre pièces de Hauteville II (un petit salon, la chambre, la salle à manger et une petite chambre). Ces panneaux de style chinois furent dessinés par Hugo en 1863-1864 et peints avec l’aide de Tom Gore, artisan déjà employé sur le chantier de Hauteville House, ils servent d’écrin aux porcelaines qui couvrent les murs ou garnissent les étagères. L’imagination du poète s’y déploie en un rêve de fantaisie et d’humour émaillé d’allusions intimes à sa bien-aimée et semé de leurs monogrammes VH et JD.

La coiffeuse de Mme Hugo et des sièges de sa chambre à Hauteville House complètent cet ensemble avec le coffret aux quatre encriers (ceux de Lamartine, Dumas, Sand et Hugo). Cet assemblage, réalisé par Victor Hugo, était destiné à une vente de charité en faveur des enfants pauvres de Guernesey.

La salle à manger (salle 4)

Le goût pour les meubles gothiques, déjà présents dans l’appartement de la place Royale, s’épanouit avec l’aménagement de Hauteville House et de La Fallue et Hauteville II les maisons qu’occupe successivement Juliette Drouet. Hugo, souvent accompagné de Juliette ou avec ses fils, se livre à la « chasse aux vieux coffres » guernesiais  en même temps qu’il acquiert des meubles Haute-époque ou Renaissance. Il les fait démonter ensuite puis réassembler à sa fantaisie d’après ses dessins, par une équipe de menuisiers guernesiais sous la direction de Pierre Mauger. Ainsi une porte devient table, les coffres se transforment en buffets ou en banc, les bobines de fil en bobèches, des pieds deviennent colonnes pour donner aux meubles des allures d’architectures gothiques. La table sur laquelle le poète a écrit la première série de La Légende des siècles en 1859, offerte à Juliette, témoigne de la relation amoureuse qui s’exprime par les objets.

Les peintures et sculptures qui complètent la présentation évoquent des œuvres écrites pendant l’exil (La Légende des siècles, Les Misérables, Les Travailleurs de la mer, L’Homme qui rit).

Le petit cabinet (salle 5)

Cette pièce est aujourd’hui dévolue à la présentation de petits accrochages autour d’un thème ou d’une actualité permettant de montrer au public des œuvres des riches collections du musée (dessins, photographies, gravures, manuscrits, imprimés…) que leur nature interdit d’exposer en permanence pour des raisons de conservation.

Depuis l’exil

Le cabinet de travail

Cette pièce évoque le cabinet de travail de l’écrivain en même temps que la gloire de Victor Hugo après son retour d’exil, en 1870. Autour du meuble à écrire debout arrangé par Victor Hugo à la fin de sa vie, l’emblématique portrait d’après Léon Bonnat et Le Buste Héroïque par Rodin semblent faire entrer Hugo dans l’immortalité. Des peintures en grisailles pour les monumentales éditions illustrées de ses œuvres complètes rappellent aussi la place de l’écrivain. Le portrait de Georges et Jeanne, évoque L’Art d’être grand-père et l’affection que Victor Hugo reporte sur ses petits-enfants après la mort de ses fils dans cette période marquée par le deuil dont témoigne aussi l’émouvante image de Juliette Drouet quelques mois avant sa mort, par Bastien-Lepage.

La chambre

De 1878 à sa mort en 1885, le poète habite au 130, avenue d’Eylau, devenue avenue Victor Hugo, en 1881. Grâce à la générosité de ses petits-enfants, Georges et Jeanne, la dernière chambre de Victor Hugo a pu être fidèlement reconstituée.  Ce mobilier a été complété des vases de Sèvres offerts par le gouvernement pour ses 79ème et 80ème anniversaires ainsi que par plusieurs portraits mortuaires. C’est dans ce lit que Victor Hugo s’éteint le 22 mai 1885 et que son corps fut exposé avant les funérailles nationales le 31 mai et le 1er juin.

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