Les portraits... Victor Hugo et sa famille

Du jeune écrivain romantique aux cheveux longs jusqu’au vieillard glorieux à barbe blanche, dessiné, peint, photographié, sculpté, idéalisé ou caricaturé, Victor Hugo fut l’un des hommes les plus portraiturés de son temps. La collection du musée offre une vision quasi exhaustive de ces visages du poète qui accompagnent sa vie jusqu’à l’immortalité. Une véritable galerie de portraits de famille permet de restituer l’intimité du grand homme.

Lors de la création du musée, de grands albums reliés offraient aux visiteurs de consulter tous les portraits connus de Victor Hugo. Musée monographie, la Maison de Victor Hugo a vocation d’être le conservatoire de son image, celle de l’homme autant que de l’écrivain. L’appartement de la place des Vosges et Hauteville House à Guernesey ayant été des demeures familiales, c’est à tous les membres de la famille que s’étend ce devoir.

Parmi les centaines de portraits que recèlent les collections, toutes les techniques, et toutes les modalités du portrait racontent l’histoire de Victor Hugo. Dire le jeune poète prometteur à la boutonnière très tôt ornée de la Légion d’honneur, dire le chef de file du romantisme qui bien vite mérite le marbre sous le ciseau du sculpteur ami. C’est répondre à une stratégie littéraire puis politique ou unissant les deux à la fois.  Les signatures – celles d’abord de Louis Boulanger, de David d’Angers, d’Auguste de Châtillon – reflètent les amitiés artistiques et les combats communs. Les portraits montrent aussi l’intimité familiale, résistant aux vicissitudes amoureuses, unie dans l’ascension vers un statut social où la politique se mêle à la gloire littéraire. En contrepoint la figure du grand homme est souvent contestée par la caricature qui traque toutes les occasions. Le large front dont les artistes faisait le signe du génie, devient signe distinctif de l’homme moqué.

Plus tard, lors de l’exil, la véritable stratégie mise en place par l’entreprise photographique familiale de « l’atelier de Jersey », entre 1853 et 1855, témoigne du républicain incarnant la résistance à Napoléon le Petit, et de l’homme mûri qui retrouve sa plume de poète : cheveux longs toujours rejetés en arrière, « écoutant Dieu » ou méditant sur le rocher des proscrits...

Puis, en 1861, Victor Hugo laisse pousser sa barbe et coupe ses cheveux. Un journaliste ne croit pas à l’avenir de ce nouveau visage. C’est pourtant celui de l’entrée dans la gloire et l’immortalité. Contemporain de la publication des Misérables, il va définitivement fixer l’image de « Victor Hugo ». Dès lors et plus encore après le retour en France en 1870, la célébrité fige la représentation qui va être dominée par deux modèles principaux donnés par les photographies de Nadar et de Carjat mais aussi par le peintre Léon Bonnat. Ils seront inlassablement déclinés dans la gravure et la presse, jusqu’aux éditions bon marché en « galvanoplastie » pour dire le Père de République, le grand-père idéal, le poète consacré. Avec la parution de L’Art d’être grand-père, la famille elle-même, entre dans cette glorieuse célébration, avec les figures de Georges et Jeanne, ses petits-enfants, Dans toute cette gloire répétitive, la caricature qui s’épanouit dans la presse illustrée apporte un peu d’humour et d’esprit, quitte à écorner la stature du grand homme, même si elle paraît souvent adoucir ses pointes… Lui-même aimait d’ailleurs à collectionner ces feuilles.

Si Nadar ou Dalou comme d’autres, fixent le portrait mortuaire, c’est Rodin qui accompagne le passage de la vie à l’immortalité. Autorisé à observer Hugo en ses toutes dernières années il en donnera après sa mort une image qui fait passer un nouveau souffle visionnaire et inspiré.

Portraits de Georges et de Jeanne Hugo, En 1879

Voillemot, Charles (1823 - 1893)

Portrait de Victor Hugo sur fond de Notre-Dame de Reims, En 1825

Alaux, Jean (dit le Romain) (1786 - 1864)

Victor Hugo, En 1839

Boulanger, Louis Candide (1806 - 1867)

Victor Hugo, buste héroïque, Vers 1897

Rodin, Auguste (1840 - 1917)

Adèle à la cerise, Entre 1831 et 1832

Boulanger, Louis Candide (1806 - 1867)

Charles et François-Victor Hugo, Entre 1853 et 1854

Vacquerie, Auguste (1819 - 1895)

Victor Hugo, En 1874

Gill, André (1840 - 1885)

Victor Hugo sur son lit de mort, profil gauche, 1885 (le 22/05)

Nadar (Gaspard-Félix Tournachon, dit) (1820 - 1910)

Portrait de M. Victor Hugo, En 1879

Bonnat, Léon (1833 - 1922)

Madame Victor Hugo, En 1839

Boulanger, Louis Candide (1806 - 1867)

Léopoldine au Livre d'Heures, En 1835

Châtillon, Auguste de (1813 - 1881)

Victor Hugo, buste en hermès nu, En 1838

David d'Angers, Pierre-Jean (1788 - 1856)

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